top of page

IV. L'hypnose au service de l'anesthésie: l'hypnosédation

1. Généralités sur l'hypnosédation.

                L’hypnosédation est une alternative à l’anesthésie générale. Cette pratique associe l’hypnose et la sédation, c’est une technique anesthésiste à part entière. En effet, le patient est plongé dans un processus hypnotique lors de l’anesthésie, ce qui lui apporte tranquillité, calme et sérénité ainsi qu’une analgésie (absence de douleur) durant l’anesthésie sous hypnose. L’hypnose peut aussi être utilisée en complément de l’anesthésie conventionnelle pour améliorer le vécu des patients durant leurs soins ou après une opération. Ainsi, le praticien peut mieux gérer l’anxiété ou la douleur du patient et donc  améliorer son confort. L’hypnose peut également atténuer certains effets secondaires médicamenteux ou d’une opération. Elle permet aussi d’instaurer une certaine confiance et donc de renforcer la relation entre le patient et son thérapeute. Cette collaboration étroite est nécessaire entre le patient qui est au centre du processus hypnotique, le médecin anesthésiste qui réalise l’hypnose et le chirurgien qui est en constante communication avec celui-ci durant l’opération. De plus, le médecin anesthésiste doit avoir suivi une formation spécifique et doit  avoir beaucoup d’imagination pour pratiquer l’hypnose au cours d’interventions chirurgicales.

 

                Aujourd’hui, certaines interventions chirurgicales peuvent être effectuées sous hypnosédation. Cependant, elle ne convient pas aux interventions effectuées en profondeur (comme la chirurgie abdominale, thoracique, pour la mise en place de prothèses par exemple). En revanche, elle convient aux interventions de surface, pouvant être effectuées sous anesthésie locale, (comme l’ablation de la thyroïde, la fibroscopie ou encore la chirurgie du sein par exemple) ou encore lors d’accouchements, et pour soulager les grands brûlés. Cette technique se répand en Europe depuis quelques années. Le pays à la pointe de cette pratique est la Belgique. A l’opposé, la Suisse accuse un net retard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        Cette méthode étant nouvelle, beaucoup de patients ont peur ou sont même parfois retissant devant cette pratique. En effet, certains ont peur que cela ne fonctionne pas et qu’ils n’arrivent pas à entrer dans un état hypnotique. D’autres ont peur de ressentir la douleur ou encore d’être « trop présents » pendant l’opération. C’est pour cela qu’un entretient préopératoire est nécessaire si le patient veux être rassuré à la vue d’une opération sous hypnosédation.

 

 

L’hypnosédation est très efficace et fonctionne mieux chez les enfants. En effet, ils utilisent spontanément l’hypnose lorsqu’on leur raconte une histoire et s’y projettent donc plus facilement vu   qu’ils sont beaucoup plus imaginatifs que les adultes. En effet, certaines personnes ne sont pas réceptives à l’hypnose (environ 20%). Cependant, l’hypnose est de plus en plus utilisée dans le corps médical et choisie par les patients, plus informé sur la pratique de cette technique « nouvelle ».

 

                L’hypnose peut aussi être réalisée en maternité en attendant la réalisation d’une péridurale, ou encore pour favoriser le confort du patient avant une opération lors de la pose de perfusion ou lors de la pose de cathéter.

 

       

2. La consultation préopératoire.

                Comme avant toute opération, une consultation pré-anesthésie est nécessaire. Lors de cette consultation, le médecin anesthésiste explique au patient ce qu’est l’hypnosédation et teste aussi sa motivation (car si le patient n’est pas motivé pour une intervention sous hypnosédation, les relations entre le patient et le médecin anesthésiste ne seront pas solides et l’hypnose ne sera pas bénéfique et ne fonctionnera pas).

 

                De plus, le médecin vérifie si le patient ne comporte aucune contre-indication à l’hypnosédation. En effet, il ne faut pas que le patient soit âgé de plus de 80 ans, qu’il présente des allergie aux anesthésiques locaux, qu’il ne comprenne pas et ne parle pas le français (si il est opéré dans un pays francophone), qu’il soit atteint d’une surdité importante ou complète, qu’il soit porteur d’une pathologie psychiatrique grave, qu’il ne soit pas assez motivé pour la pratique de l’hypnosédation. Après avoir vérifié que le patient ne comporte aucune contre-indication à l’hypnosédation, il va tester sa réceptivité à l’hypnose. Si elle est suffisante le patient sera donc favorable à cette pratique.

 

            Ensuite, si le médecin a donné son accord, il lui demandera de réfléchir à un évènement heureux, à un souvenir agréable que le patient souhaite revivre au cours de l’opération. Cela peut être un voyage, un souvenir de vacances, un hobby, etc. Cet évènement sera utilisé durant l’intervention et servira donc de fil conducteur. Le médecin demande aussi au patient de lui faire part de ses phobies et des choses qu’il n’aime pas pour éviter de les évoquer durant l’hypnose, car ce moment doit être un moment de calme, de sérénité pendant lequel le patient ressasse un évènement ou un endroit agréable, où il se sent bien et en confiance. Tout ce qui est évoqué durant l’hypnose doit être positif pour le patient car si ce souvenir est négatif, il se rappellera d’un moment désagréable, contraignant, déplaisant ou même agaçant.

 

                Enfin, le médecin définit le canal sensoriel préférentiel du patient (vue ou audition), pour que l'hypnose soit réalisée dans les meilleures conditions possibles. Certaines personnes ont besoin d’être suivis sur plusieurs séances. 

 

                Suite à cet entretien, le médecin anesthésiste prescrira un comprimé que le patient devra  prendre 1 heure 30 avant l’intervention  et qui lui permettra d’arriver au bloc opératoire plus serein.

3. L'opération sous hypnosédation.

                Dans la majorité des cas, le patient entre à l’hôpital le jour même de son opération. Il doit confirmer le souvenir ou l’évènement qu’il souhaite revivre au cours de l’hypnose. Le patient bénéficie des mêmes conditions de préparation et d’intervention que pour une opération sous anesthésie générale. Les mesures de qualité et de sécurité sont les mêmes que celles prises pour une anesthésie générale (jeûne, surveillance des paramètres respiratoires et cardiaques…).

 

                  Dans un premier temps, le patient est accueilli dans le calme pour le mettre à l’aise. Il est installé sur la table d’opération, cette installation n’est pas plus longue que pour une anesthésie générale.  La salle d’opération est préparée avant l’arrivée du patient pour ne pas le perturber pendant que l’anesthésiste commence à l’endormir, contrairement à une opération normale. L’anesthésiste commence par plonger le patient dans un état hypnotique, cette étape s’appelle l’induction. Durant cette étape, l’anesthésiste se retrouve seul avec le patient, tout doit se dérouler dans le calme. Le patient doit se focaliser sur le thème qu’il a choisi et commence à entrer dans un état hypnotique. L’induction dure environ 15 minutes et permet au patient de se retrouver plongé dans un état hypnotique. Cependant, l’hypnose ne suffit pas à elle seule pour l’anesthésie. On injecte donc  un produit pour anesthésier la partie à opérer mais cela à faible dose.             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certaines personnes peuvent ne pas suivre  ce que l’hypnotiseur leur dit et s’engagent dans d’autres pensées sans que cela ait de conséquence sur l’hypnose. Le médecin doit donc suivre l’idée déterminée par le patient et la suivre. De plus, toutes les manipulations effectuées par le chirurgien durant l’opération sont intégrés à l’hypnose par l’anesthésiste.

 

                Au cours de l’intervention chirurgicale, le patient est en constante observation. Tous ses paramètres vitaux sont constamment surveillés. Cette observation permet de prévenir et de déceler tous les signes d’inconfort du patient. Elle permet aussi d’adapter l’hypnose et de réinjecter au besoin une dose de produit anesthésique local ou même si cela est nécessaire de rebondir sur une anesthésie générale.

 

                Pour finir le médecin fait revenir le patient a la réalité. Le passage en salle de réveil est très rapide car à la fin de l’opération le patient est déjà réveillé. Le patient n’aura senti aucune douleur et peut même se redresser à la fin de l’opération pour qu’on lui fasse ses pansements. De plus, les patients n’ont aucun mauvais souvenir de l’opération. Il s’agit souvent d’un souvenir et une émotion agréable. Ils éprouvent souvent beaucoup de sérénité.

4. Les anesthésiants.

             Ensuite  l’opération peut commencer, l’anesthésiste parle  au patient tout au long de  l’intervention chirurgicale. Il dit toujours au patient que c’est à lui de choisir on ne lui impose rien. Le patient a conscience de tout ce qui se passe autour de lui, mais est déconnecté de tout ce qui l’entoure. En effet, lors de l’hypnose, le patient part dans un monde « parallèle » dans lequel il a l’impression de voir, de toucher et d’entendre tout ce qui se passe autour de lui : pour lui tout semble réel. Les choses peuvent se dérouler de façons très différentes d’un individu à l’autre.              

                Il existe trois sortes d’anesthésiants : les analgésiques, les hypnotiques et les curares. Les analgésiques et les hypnotiques sont utilisés pour toutes les anesthésies, cependant les curares ne sont pas nécessaires pour toutes les opérations.

 

                Les analgésiques sont des préparations utilisées pour éliminer la douleur d’un patient et donc de le rendre insensible au niveau de la zone d’opération. L’analgésique le plus utilisé lors des opérations est la morphine, dont la formule brute est C17H19NO3 et sa masse molaire est de 285g/mol. Cette molécule est un isomère, et les molécules comportant une formule brute identique sont l’hydromorphone et la pipérine. La morphine est appelée alcaloïde, car utilisée lors de l’anesthésie, mais aussi pour soulager les patients souffrant de douleurs importantes. Cette dernière est fabriquée à partir du pavot, et plus précisément avec l’opium qu’il contient. La morphine est généralement utilisée sous forme de sel, qui est plus facile à injecter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

              Les hypnotiques sont des médicaments ou substances qui permettent d’endormir le patient, ils jouent un rôle de somnifère. Il en existe plusieurs sortes :

  • Les barbituriques, de moins en moins utilisés du fait de leur toxicité et que certains patients ne les tolèrent pas.

  • Les benzodiazépines et certains médicaments qui y ressemblent, très utilisés dans l’anesthésie.

  • Les antihistaminiques.

 

                Tous les hypnotiques agissent de la même façon sur l’organisme. En effet, ils ont une action ciblée sur les GABA (neurotransmetteurs inhibiteurs). Par exemple, le propofol (hypnotique de courte durée, environ 5 minutes) est utilisé en cas d’urgence pour que le patient s’endorme rapidement. Sa formule brute est C12H18O et sa masse molaire est de 178g/mol.

 

 

 

 

 

 

 

               

 

   

                Enfin, les curares sont des substances issues de lianes d’Amazonie. Elles peuvent provoquer une paralysie totale des muscles et peuvent aussi provoquer l’arrêt respiratoire. Ce produit n’est donc pas nécessaire pour une grande partie des opérations (entre autre celles réalisées sous hypnosédation). Sa formule brute est C36H38N2O6 et sa masse molaire est de 594g.mol-1. 

Il existe donc deux sels différents:

  • Le sulfate de morphine, de formule brute C34H40N2O10S, 5H2O et de masse molaire de 759g/mol.

  • Ainsi que le chlorhydrate de morphine, de formule brute C17H20ClNO3, 3H2O et de masse molaire de 375,8g/mol.

 

                Dans le cas de l’anesthésie, le chlorhydrate de morphine est le plus utilisé, car il se prête plus à une injection dans le corps humain et comporte moins d’effets indésirables. De plus, le sulfate de morphine est 8 fois moins puissant et est donc utilisé en tant qu’antalgique et non en tant qu’analgésique.

La morphine agit sur le système nerveux central, en saturant certains récepteurs.

Masse Molaire 2
Isomère 2
Alcaloïde 2
Antalgique 2
5. Les avantages de cette pratique nouvelle.

                L’hypnosédation comporte plusieurs avantages. En effet, elle permet une récupération plus rapide après l’intervention.

                Le patient ne passe que 15 minutes environ dans la salle de réveil, contrairement à une opération sous anesthésie conventionnelle où le patient peut y passer plusieurs heures. En effet, le patient est déjà réveillé à la fin de l’opération (opération sous hypnose). Certains se lèvent pour qu’on leur fasse leurs bandages.

                Les effets secondaires d’une anesthésie habituelle sont  absents (nausées, vomissements …), les douleurs postopératoires sont minimisées et contrôlées par le patient grâce à l’autohypnose. De plus, la quantité d’agents anesthésiants étant faibles les résidus de produits anesthésiants sont infimes et les effets secondaires sont quasi inexistants.

                De plus, l’ambiance au sein de l’équipe chirurgicale est calme, détendue et plus favorable à un travail de qualité. Tout le monde est serein. Enfin, il est toujours possible de changer de technique anesthésique est de rebondir sur une anesthésie générale à tout moment, si le besoin est ressenti par l’équipe chirurgicale ou par le patient lui-même. En effet, le médecin pratiquant l’hypnose est aussi médecin anesthésiste et donc requiert toutes les capacités nécessaires à la pratique d’une anesthésie générale.

 

Comclusion.

                Ainsi l’hypnosédation permet de se faire opérer sans anesthésie générale, sans stress, sans douleur et sans effets secondaires. Les refus sont rares même si les patients ne connaissent pas grand-chose de cette pratique nouvelle. La majorité du temps, la curiosité l’emporte et cette technique est fortement appréciée par les patients qui sont surpris de son efficacité.

                En effet, l’hypnose permet une modulation de l’anxiété et de la perception de la douleur. Le patient bénéficie donc de plus de confort, de moins de stress et plus de calme. Enfin, le patient est souvent fier d’avoir participé activement à ses soins, et est donc très souvent satisfait de cette méthode anesthésique qui est paraît-il sans inconvénients. 

Alcaloïde

Masse molaire : correspond à la masse d’une mole (quantité de matière) d’une substance. Elle s’exprime en grammes par mole et est différente pour chaque entité chimique.

Isomère : molécules comportant la même formule brute, mais ayant des caractéristiques différentes, causées par leur organisation (géométrie) dans l’espace.

Alcaloïde : molécule, substance organique pouvant être utilisée dans le domaine médical.

Antalgique : médicament utilisé dans le traitement de la douleur. 

Isomère
Masse Molaire
Antalgique
bottom of page